Haïm Vidal Sephiha : Pr Emérite des Universités : L’agonie des Judéo-Espagnols
Edition : Ententes
Les Juifs expulsés d’Espagne en 1492, ont été reçus et protégés par Bayazet II, qui leur permit de s’installer dans toutes les villes de l’Empire ottoman en formation (20 000 à Salonique, nom turc de la ville), de parler librement leur espagnol, véritable musée vivant de la langue ibérique du XVe siècle – qu’on appellera plus tard judéo-espagnol -, de s’adonner à leurs cultes et à leurs professions, d’exercer leur justice, et de se dire fièrement séfarades, du nom hébreu de l’Espagne. Cette Sefarad dont, des siècles durant, ils eurent la nostalgie et continuèrent de cultiver romances, contes et proverbes.
Interprètes, médecins, financiers, artisans, voire agriculteurs, les juifs d’Espagne avaient connu diverses périodes de prospérité, tant dans l’Espagne musulmane que dans l’Espagne chrétienne. Ils se consacrèrent également à la poésie, à la philosophie, aux sciences, à l’industrie, à l’imprimerie, au commerce, qu’ils introduiront dans l’Empire ottoman (notamment la poudre à canon qui sera d’une grande aide pour cet Etat guerrier)… Les noms de Maïmonide, Yehudah Halévy, Ibn Garibol, Ibn Paquda, Sem Tob de Carrion, etc., resteront gravés en leur mémoire et dans leurs livres de prières, comme autant de phares d’une terre perdue, d’une seconde terre promise où coulaient le lait et le miel.
Que sont devenus les descendants des Juifs d’Espagne, qui après 1492 connurent l’horreur de 1942 ?