Henri Nahum : “Juifs de Smyrne – XIXe-XXe siècle”
Editeur: Aubier (Flammarion) – 1997
Smyrne (aujourd’hui Izmir) fut la ville la plus représentative de la structure pluri-communautaire de l’ancien Empire ottoman. Alors que Damas et Le Caire étaient en majorité arabes, que Salonique comptait une majorité de Juifs, Smyrne accueillait des populations turque, grecque, arménienne et franque (c’est-à-dire des Latins occidentaux seouvent installés depuis longtemps).
L’influence économique et culturelle de l’Europe s’y fit très tôt remarquer : dès les premières années du XVIIe siècle, la ville et le port se développèrent et Smyrne devint un entrepôt international actif et prospère. A cette époque, des colonies non musulmanes s’y établissent : Grecs, Arméniens, mais aussi Vénitiens, Français, Anglais, Hollandais. En 1700, Smyrne a déjà l’allure d’une ville semi-coloniale qui sera la sienne jusqu’au XXe siècle. La communauté juive, quant à elle, se forma dès le XVIe siècle, à partir notamment d’une immigration venue de la péninsule ibérique.
L’étude de cette communauté présente un intérêt particulier : soumise jusqu’à la Première Guerre Mondiale à diverses influences, souvent opposées, elle devait rester, à partir des années 20 – et malgré l’émigration – la seule des communautés non musulmanes d’Izmir.
Henri Nahum montre comment les Juifs de Smyrne, après une période de stagnation, furent stimulés par les apports européens, en particulier par l’Alliance Israélite Universelle qui, au moyen d’un système scolaire et culturel complexe, fit entrer la communauté dans le monde moderne. D’autres tentations, peu après, se faisaient jour : le sionisme et l’émigration. De son côté, la Jeune République turque ambition-nait d’ingtégrer complètement les Juifs dans un Etat Laïque et nationaliste. Les difficultés et finalement l’échec de cette intégration conduisent à une réflexion sur la place d’une communauté minoritaire dans un Etat-nation homogène.