Mémorial des Judéo-espagnols déportés de France
Au début de l’Occupation allemande, il y avait environ 35 000 Judéo-Espagnols en France. La majeure partie avait émigré des territoires issus de l’ancien Empire ottoman, des Etats des Balkans, du Levant et de régions de l’Empire austro-hongrois. Par le maintien de leur langue, le judéo-espagnol ou djudezmo, conservée depuis l’expulsion des territoires ibériques, comme par le maintien de traditions et d’une histoire commune, ils relevaient d’une civilisation à part entière. Établis sur tout le territoire français, ils formaient avant-guerre des communautés dynamiques avec un essor culturel et associatif tout en participant activement à la vie publique française. Durant la Shoah, plus de 5 300 Judéo-Espagnols de France, hommes, femmes et enfants, ont été arrêtés par les Allemands et la police de Vichy, déportés et exterminés. Mais pendant longtemps leur sort n’a pas été perçu comme une histoire spécifique ; il est demeuré l’un des chapitres inexplorés de la Shoah.
Le Mémorial comble ce vide. Il est le résultat de plus de dix années de travail mené par le comité éditorial appuyé par un groupe de bénévoles, de chercheurs et d’historiens. Ce travail collectif basé sur la collecte originale de témoignages et récits, mais aussi sur le dépouillement d’un nombre considérable de fonds d’archives, permet de reconstituer pour la première fois la liste des 5 300 personnes déportées de France, ainsi que celle des fusillés, et des morts dans les camps français. Il contient aussi la biographie et le parcours de plus de 80 déportés, complétés par des témoignages en français et en djudezmo.
Mais cet ouvrage est plus qu’un livre mémoriel.
Une première partie de 350 pages retrace l’histoire spécifique de ce groupe. Est exposée la situation dans les derniers temps de l’Empire ottoman et dans les États successeurs, dans les États indépendants des Balkans et dans toutes les aires de présence judéo-espagnole. Il décrit ensuite l’établissement en France, la diversité des conditions dans leur nouvelle contrée d’adoption et leurs espoirs. Les chapitres suivants sont consacrés à la politique d’exclusion et de persécution des Allemands et du régime de Vichy pendant l’Occupation. Ces chapitres apportent un regard nouveau sur les différentes situations vécues. En effet, nombre de Judéo-Espagnols étaient considérés par les Allemands comme ressortissants de pays neutres ou alliés, ce qui était important pour leur sort. Le livre examine aussi les cas particuliers comme le sort tragique des Juifs grecs. Ensuite, sont exposés la situation des rescapés après leur libération et les effets des déportations sur l’ensemble des familles et de la communauté. L’ouvrage comprend aussi un chapitre novateur sur les engagements des Judéo-Espagnols dans la Résistance face à l’occupant et à Vichy. L’ensemble est soutenu par une importante iconographie.
Extrait de la préface de Serge Klarsfeld :
Aujourd’hui cet effort aboutit à un remarquable livre de référence qui comble une immense lacune comme l’avait fait en son temps (1978) le Mémorial de la Déportation des Juifs de France. Cet ouvrage sur le monde judéo-espagnol était indispensable pour que l’on sache ce que cette communauté avait spécifiquement subi pendant la Shoah.
Aron Rodrigue, Professeur à Stanford University :
Il s’agit d’une publication remarquable, le résultat de nombreuses années d’un travail minutieux pour mettre en lumière le sort peu connu, durant la Seconde Guerre mondiale, des Juifs originaires des contrées de l’ancien Empire ottoman, en France. Plus de 5000 personnes originaires des communautés essentiellement judéo-espagnoles du Levant et leurs descendants ont été déportées par les nazis dans les camps de la mort. De nombreux excellents chapitres illustrent les différents aspects de cette histoire tragique. Le livre intègre également une liste complète des noms des déportés. Ce travail d’érudition exceptionnel est un mémorial émouvant en hommage aux membres de ces communautés exterminés pendant la Shoah.
Rena Molho, Professeur à l’Université Panteion Athènes :
Parmi tous les ouvrages commémoratifs traitant de la destruction des communautés juives d’Europe par les Nazis que j’ai consulté, le «Mémorial des Judéo-Espagnols déportés de France» se distingue en tant que réalisation extraordinaire de recherches historiques sérieuses rendues accessibles au grand public et aux enseignants en quête d’un instrument de travail à la fois bibliographique et archivistique. (….)
Au-delà de sa mission de Mémorial, ce qui est le plus important dans ce travail, c’est d’être la première recherche qui a enfin mis en lumière la du sort de la population judéo-espagnole d’Europe, sujet inconnu de la plupart, aussi bien dans le monde juif que dans le monde non juif. C’est précisément pour cette raison qu’il ouvre la voie à de nouveaux domaines de recherche et d’enseignement sur la Shoah et enrichit la conscience historique et la conscience politique.
Cet ouvrage a obtenu le Prix 2020 du livre d’histoire consacré à la Seconde Guerre mondiale décerné par la Fondation Ernest et Claire Heilbronn.
Publié avec le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, du Mémorial de la Shoah, de l’Association des Fils et Filles des Déportés Juifs de France, de l’Institut Alain de Rothschild, de la Mairie de Paris et du Centro Sefarad Israël.
ISBN 978-2-9560497-1-5 | Éditeur Muestros Dezaparesidos | Date de publication: 2019
Langue: Français | 719 pages | 30 x 23.5 cm | Relié | €29 (+ €7 Frais de port)
Pour le commander : https://muestros-dezaparesidos.org/boutique/memorial-des-judeo-espagnols-deportes-de-france/
Voir le flyer: flyer-memorial-des-judeo-espagnols-deportes-de-france-francais